L’Imam Hussein est le modèle de résistance par excellence

July 23, 2023

TEHERAN(IQNA)-Pour John Andrew Morrow, l’objectif de l’Achoura n’est pas d’apaiser les gens, comme certains le souhaite, pour évacuer leurs frustrations, sinon de les réveiller pour qu’ils développent leurs consciences, qu’ils s’organisent, et qu’ils brisent leurs chaînes.

John Andrew MorrowJohn Andrew Morrow est un nom connu pour nos lecteurs. Il s’est converti à l’islam dès très jeune âge et il a écrit plusieurs livres là-dessus. L’une de ses études les plus influentes, « The Covenants of the Prophet Muhammad with the Christians of the World », a inspiré la création de The Covenants Initiative, un mouvement musulman international voué à la promotion des lettres, traités et alliances du Messager d’Allah avec les Gens du Livre.

Il a étudié les sciences islamiques pendant plus de trois décennies auprès d’érudits musulmans traditionnels et d’universitaires occidentaux. Il a effectué des études post-doctorales en arabe à Fès et Rabat et considère le Maroc comme sa deuxième patrie. Il a travaillé comme professeur d’université pendant deux décennies, se retirant de l’enseignement après avoir atteint le rang de professeur titulaire.
Cette fois nous l’avons interviewé pour connaître ses idées sur l’imam Hussein et l’événement de l’Ashoura.

 
Comment vous êtes-vous familiarisé avec l’imam Hussein (as) ?

J’ai appris au sujet de l’Imam Hussein quand je suis devenu adolescent. Je l’ai découvert durant le début de mes études islamiques. L’événement d’Achoura m’a marqué profondément et irrémédiablement. Jamais je ne prendrais parti des injustes, des despotes, et des impérialistes sans vergogne qui ont massacré la famille du saint Prophète. Il y a des limites que l’on ne dépasse pas. C’est une ligne dans le sable. C’est noir et blanc. C’est la barrière entre le bien et le mal. La liberté vient avant tout. C’est une question de dignité humaine. 

Que recevez-vous des cérémonies de deuil de l’imam Hussein ?

Les cérémonies de deuil de l’imam Hussein sont émouvantes. J’assiste aux rituels d’Achoura depuis ma tendre adolescence. Et, depuis des décennies, je les dirige même ! J’ai livré des sermons en honneur du seigneur des martyres au Canada, aux États-Unis, et en Afrique du Sud. J’ai même eu l’honneur de voyager à Karbala et Najaf pour l’Arbaïn en 2017. J’ai aussi accompli un autre pèlerinage à Kerbala, Najaf, et Kazimen en 2018. Les cérémonies de deuil de l’imam Hussein combinent des aspects sociaux, culturelles, religieux, spirituels, et politiques. Il faut se souvenir mais il faut surtout agir. On doit mettre en pratique, le plus que possible, le message de l’imam Hussein. Il ne faut pas vivre dans le passé mais dans le présent. L’objectif de l’Achoura n’est pas d’apaiser les gens, comme certains le souhaite, pour évacuer leurs frustrations, sinon de les réveiller pour qu’ils développent leurs consciences, qu’ils s’organisent, et qu’ils brisent leurs chaînes. C’est ce que les Iraniens ont fait en 1979. C’était un « non » décisif dirigé au Shah, la marionnette des occidentaux, et ses forces de répressions. 
 
Quel est l’impact de l’événement de l’Achoura sur les musulmans et non musulmans ?
 
La mort, le meurtre, et le martyre de l’Imam Hussein sont une source d’inspiration pour les musulmans et les non-musulmans. Les chiites l’honorent en particulier, mais aussi les sunnites, les soufies, les alévis de la Turquie, et les bektachis d’Albanie. En Iraq, on trouve des chrétiens qui participent aux processions d’Achoura. En Inde, on trouve des sikhs autant que des hindous. L’Imam Hussein est un archétype, un prototype, un héros glorieux, et un personnage de proportion mythique. Quand quelqu’un dit « non » à l’injustice, il dit « oui » à l’imam Hussein. 
 
Avez-vous eu des recherches sur l’imam Hussein ?
 
L’imam Hussein est un sujet central dans ma vie et mon œuvre. Il figure dans mes articles, mes livres, mes sermons, et mes discours. S’il n’est pas toujours le texte, il est le sous-texte, c’est-à-dire, il inspire la direction de ma pensée et de mes actions. Ces études se trouvent dans de nombreux livres, y inclus, Islamic Insights: Writings and Reviews, publié en Iran en 2012 et The Islamic Interfaith Initiative, publié en Angleterre en 2021. En français, j’ai publié une « Étude comparée de la Chanson de Roland, le Poema de mío Cid, et le Rawdah-Khani » dans la revue iranienne, Le Message de l’Islam, en 1994.
 
Est-ce que l’imam Hussein peut servir de modèle dans le monde d’aujourd’hui ?
 
L’Imam Hussein est le modèle de résistance par excellence. On le conte parmi les plus grands révolutionnaires du monde, y inclus sainte Jeanne d’Arc, Toussaint L’Ouverture, George Washington, Thomas Jefferson, Túpac Amaru II, Omar Mukhtar, Simón Bolívar, José Martí, Tecumseh, Crazy Horse, Geronimo, Chief Joseph, Sitting Bull, Benito Juarez, Augusto César Sandino, Ernesto “Che” Guevara, Fidel Castro, James Connolly, Emiliano Zapata, Éamon de Valera, Michael Collins, Frantz Fanon, Martin Luther King, Malcolm X, Nelson Mandela, et bien sûr, l’ayatollah Khomeini. L’Imam Hussein est une source d’inspiration pour tous les opprimés du monde et tous les damnés de la terre. S’opposer à l’injustice est un droit divin. 
 
Comment les musulmans peuvent suivre le chemin tracé par l’imam Hussein (as) et ses compagnons ?
 
Même si on compare l’Imam Hussein a d’autres révolutionnaires, il est incomparable. Ce n’est pas parce qu’on ramasse une épée, une carabine, ou une mitraillette qu’on suit son chemin. Pour commencer, l’Imam Hussein était un homme croyant, un homme juste, et un homme pur. Il a maîtrisé la jihad al-akbar, la grande lutte spirituelle avant d’entreprendre la jihad al-asghar, la petite guerre physique. Cela ne veut pas dire qu’on n’a pas le droit de se révolter contre l’injustice avant de s’avoir perfectionner spirituellement. Si c’était le cas, nous serions tous esclaves et sous le joug des tyrans et des exploiteurs. Non. Nous avons le droit de nous défendre. La clé ce n’est pas d’oublier de travailler sur notre spiritualité en même temps. La spiritualité n’est pas une destination. C’est un chemin. Nous devons toujours être en train de nous améliorer. C’est un travail en cours. Ce n’est pas question de s’auto-proclamer des partisans de l’Imam Hussein. On doit en être digne. Nous devons bien le représenter.